Ici, vous vous sentirez vraiment en Orient : marchands de café ambulants, hammams, souks… Une toute autre ambiance qu’à Beyrouth ! La plupart des monuments de Tripoli n’ont pas été touchés par la guerre civile, pour le plus grand bonheur des habitants mais aussi des visiteurs.
En remontant 85 km au nord de Beyrouth le long de la côte, se trouve Tripoli (en arabe : طرابلس). C’est la deuxième ville la plus peuplée du Liban après la capitale, Beyrouth.
En grec, « Tripolis » signifie les trois villes, ce nom proviendrait des trois quartiers distincts que comptait la cité, respectivement réservés aux commerçants de Tyr, Aradis et Sidon. Tripoli est restée une ville très commerçante, avec de nombreuses boutiques d’artisanat, par exemple d’ébénisterie, argenterie et bijoux.
Les plus grandes empreintes historiques ont été laissées par les Mamelouks, aux XIVème- XVème siècles, à travers de superbes mosquées, madrassas et mausolées. Aujourd’hui, la ville connaît une importante mixité religieuse, la majorité de la population étant musulmane sunnite, le reste étant composé d’alaouites, grecs orthodoxes, et maronites.
Plusieurs endroits plus ou moins emblématiques ont retenu mon attention.
La citadelle Saint-Gilles, empreinte des Croisés
La citadelle Saint-Gilles (en arabe : قلعة طرابلس) est un fort construit par les Croisés au XIème siècle, qui domine Tripoli et duquel vous aurez un superbe panorama ! C’est un monument plutôt bien conservé qui offre des points de vue sur la ville et la mer, presque à 360°… un spot idéal pour des photos souvenirs et pour débuter une journée tripolitaine.
Dans le dédale des souks tripolitains
Véritable institution dans les pays orientaux, les souks sont des marchés partiellement couverts qui s’étendent sur une importante surface, toute en dédales et ruelles. On y vend quantité de choses, depuis des produits de consommation courante tels des épices, jusqu’aux objets de luxe tels des bijoux.
Le souk al-Haraj de Tripoli date du XIVème siècle, l’architecture est vraiment remarquable et l’ambiance authentique !
Vous pouvez faire une pause bien méritée au café Haraj, et demander une limonade rafraîchissante… à la fleur d’oranger ! L’intérieur est richement décoré, il est aussi possible de s’attabler dans les petites alcôves en pierre aménagées avec tapis d’Orient et narguilé.
La grande mosquée al-Nouri
La grande mosquée al-Nouri (en arabe : جامع النوري) vaut le détour. Sa cour est monumentale, au centre se trouve une tonnelle en pierre qui abrite un espace de prière et des robinets pour les ablutions. La salle de prière est ouverte aux visiteurs. Héritage d’un passé multi-civilisationnel, le minaret était autrefois le clocher d’une église des Croisés.
D’autres mosquées peuvent être intéressantes à visiter : la mosquée Taynal, ornée d’arabesques au sol et sur les murs, ou la mosquée al-Muallak, installée dans un pont au-dessus de la rue.
Les anciens hammams de Tripoli
La vieille ville de Tripoli compte plusieurs hammams. La plupart ne sont plus en fonction mais peuvent être visités, comme le hammam al-Jadid.
D’autres comme le hammam al-Abed ont été rénovés et sont encore en état d’usage, vous pourrez donc profiter de leur vapeur bienfaisante. Attention pas les mêmes jours d’ouverture pour les femmes et les hommes !
Détour par une médersa (ou en arabe « madrassa »)
Ces écoles coraniques d’origine sunnite sont souvent dépendantes de mosquées. Très décorées, même l’extérieur vaut souvent une petite photo. On en trouve plusieurs à Tripoli, dont la madrassa al-Sheikh al-Hindi ou encore la madrassa Mash’had.
? Bon à savoir
N’oubliez pas de vous promener en tenue vestimentaire correcte si vous voulez entrer dans tous les monuments.
Au caravansérail des Tailleurs (ou Khan al-Khayyatine)
Ce caravansérail, très différent de celui de Sidon (↘ lire mon article à propos de cette ville), est situé dans le souk. Tout en longueur et en hauteur, c’est un couloir majestueux entre la vieille ville et la rue. Les petites niches servaient autrefois d’écuries pour les chevaux, aujourd’hui différents artisans et commerçants y sont installés.
Le quartier d’el-Mina
C’est à partir de ce quartier littoral que la ville antique de Tripoli s’est construite. Encerclée par la mer, la cité se protégeait des intrusions par la terre ferme grâce à une muraille et un fossé. Cette partie de la ville a plusieurs fois été détruite par des tremblements de terre.
Depuis le port, des navettes partent régulièrement vers les îles aux Lapins (ou îles des Palmiers), réserve naturelle à 5 km des côtes, qui héberge oiseaux et tortues de mer – mais plus d’humains depuis de nombreuses années ! C’est un endroit idéal où passer une journée-plage en dehors des villes, mais que je ne vous conseille pas par grande chaleur (peu d’ombre).
À el-Mina, goûtez aux délicieux sandwichs à base de poisson de chez al-Fadi, et aux glaces libanaises (roulées dans les pistaches concassées) chez al-Bahla.
? Bon à savoir
Attention : certains pâtés d’immeubles dans El Mina sont à éviter, car non touristiques et les habitants n’y pas accueillants, parfois même hostiles aux visiteurs.
Un mot sur la gastronomie tripolitaine
Une des spécialités de Tripoli est le pain rond accompagné de houmous (purée de pois chiches). Comme c’est une ville littorale, certaines recettes nationales comme le kebbé – y sont faites avec du poisson et non de la viande.
Vous trouverez quantité de succulentes pâtisseries à Tripoli : mafrouké, knéfé, baklawas… Pourtant les desserts phares de Tripoli restent les halawet al-Joubn, subtil mélange sucré-salé à base de fromage frais !
Pour en profiter paisiblement, faites un tour à la célébrissime et très chic pâtisserie Hallab, une escale idéale à accompagner d’un café turc (ou café libanais) en terrasse.
À des prix plus abordables et dans un cadre plus populaire, vous trouverez aussi ces mets dans le souk.
Aux alentours de Tripoli
Autour de Tripoli, sur des terres particulièrement fertiles poussent oliviers, orangers, citronniers, et plants de tabac…
À quelques kilomètres à l’est, est nichée la paisible vallée de la Qadisha dont je vous recommande vivement les randonnées (un article est en route sur le sujet).
Dans les environs encore, la réserve de la forêt des cèdres de Dieu est aussi un must, avec des arbres vieux de 4 000 ans.
Photo de couverture : La cour de la grande mosquée al-Nouri de Tripoli au Liban. © Inès S.