Un peu au sud de Beyrouth, se trouve une région à la fois côtière, montagneuse et verdoyante : le Chouf. Elle est réputée au Liban pour ses forêts de cèdres et de pins, mais aussi pour les magnifiques châteaux qu’elle abrite.
À DEIR-EL-QAMAR
La bourgade pittoresque du « couvent de la Lune », dont est originaire l’ancien président libanais Camille Chamoun, est perchée à 800 mètres d’altitude. Elle est habitée majoritairement par des chrétiens et c’est une des rares du Liban à être sortie indemne de la guerre civile de 1975-1990. Une ambiance montagnarde habite les lieux et un parfum de végétation méditerranéenne embaume les ruelles de traditionnelles maisons en pierre.
Commencez votre visite par l’historique place Dany Chamoun, sur laquelle se déroulaient les jeux et compétitions équestres au XVIe siècle. Trois magnifiques monuments jouxtent la place : la Kaïssariyyé, le Kharj et le palais de l’émir druze Fakhreddine II le Grand. Une mosquée du XVe siècle borde l’ouest de la place, son minaret est incliné, vestige d’un tremblement de terre qui a eu lieu au XVIIe siècle.
La Kaïssariyyé est un bâtiment similaire à un caravansérail mamelouk ou ottoman. Elle était utilisée au XVIe siècle pour le commerce de la soie et aujourd’hui pour des manifestations culturelles de la ville.
Le Kharj est un bâtiment qui servait à l’origine de caserne aux mercenaires de l’émir Fakhreddine II et de dépôt de munitions puis de provisions. Actuellement il est utilisé comme local pour le centre culturel et linguistique.
Le palais de Fakhreddine II
Un peu plus loin, le magnifique Palais de Fakhreddine II est ouvert aux visiteurs. A l’intérieur, l’ambiance est paisible, et le bâtiment est construit autour d’une cour intérieure dallée avec fontaine. Tout autour de la cour, les pièces du palais abritent le musée de cire Marie Baz, dans lesquelles on trouve les statues des personnages qui ont fait l’Histoire du Liban, depuis l’époque des émirats jusqu’à nos jours.
D’autres palais ont été construits à Deir el-Qamar : le palais Nicolas el Turcq (XIXème siècle) et le palais Gergis Baz (XVIIIesiècle). La mairie est installée dans le sérail de l’émir Youssef Chéhab – une autre famille importante du Liban -, dont la salle d’audience est remarquable.
Le château Moussa
Le château Moussa est l’histoire d’un homme qui a réalisé son rêve de petit garçon : la réplique d’un château fort médiéval, dont l’accès est rendu possible par un pont-levis. Au premier étage de cette incroyable bâtisse du XXe siècle, Moussa el-Maamari a créé des dizaines de personnages animés en terre cuite. La plupart sont installés dans des mises en scène d’artisanat traditionnel libanais. Certains représentent la Cène (biblique), d’autres des seynètes de vie quotidienne comme l’école.
Au rez-de-chaussée, le propriétaire – décédé il y a quelques mois – a réuni une importante collection d’armes et de bijoux des différentes époques traversées par le Liban. C’est un château surtout intéressant pour les collections d’objets qu’on y trouve et pour le rêve qu’il représente, l’extérieur du château étant un peu kitsch.
? Comment accéder à Deir el-Qamar depuis Beyrouth ?
Deir el-Qamar est à 37 km de Beyrouth. Sur l’autoroute du Sud, bifurquer à droite au niveau de Damour vers le village de Beiteddine, le palais d’été présidentiel.
À BEITEDDINE
Le palais de Beiteddine – ou « maison de la religion » – est la résidence d’été du président Michel Aoun. C’est un magnifique palais arabo-baroque, qui fut construit au XVIIIème siècle sous l’émir Bachir Chéhab par des artisans syriens, d’après les plans d’architectes italiens.
Les cours extérieures aérées rivalisent de beauté avec les salons orientaux, les moucharabiehs avec les mosaïques. Les jardins à la végétation luxuriante animent de leurs couleurs rose, verte ou encore rouge le palais de pierres. Une chapelle et une mosquée, des hammams, de riches salons… le palais mérite vraiment son appellation de « monument national ».
Si vous ne deviez visiter qu’un château dans le Chouf, c’est Beiteddine pour son architecture des Mille-et-Une Nuits, posé dans la verte montagne libanaise ! Par ailleurs, le palais de Beiteddine accueille tous les ans un festival de musique en été, avec des artistes nationaux et internationaux (↘️ plus d’infos ici).
À BAAKLEEN
Baakleen est un joli village aux racines druzes, réputé pour les cascades qu’on y trouve en contrebas de la montagne. Je m’étais imaginée des eaux turquoise, accessibles via un sentier de randonnée dans la forêt… grosse déception ! Le sentier d’accès est cahoteux et long, le parking payant. Tout autour des cascades, des restaurants bruyants sont installés, dénaturant -à mon sens- tout l’esprit des lieux que je pensais authentique et naturel…
Néanmoins, le palais du village vaut le détour. Il a connu plusieurs époques qui ont laissé des empreintes architecturales distinctes, tout en préservant une certaine harmonie. Dans une salle, des armes et objets traditionnels sont conservés. Le propriétaire des lieux vous fera visiter avec plaisir les autres pièces – une salle de prière, un salon officiel, une chambre où sont conservés des documents officiels liés à l’histoire du palais… Ce palais n’est pas très visité mais c’est un très bel endroit que je vous recommande si vous passez à Baakleen !
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Photo de couverture : La région du Chouf, au Libam, regorge de jolis palais à visiter. © Inès S.