Pour cette deuxième étape libanaise après Sidon, je vous emmène avec moi à 85 km à l’est de Beyrouth, direction la mythique Baalbek, ou « Baalbak » (en arabe بعلبك). Entourée de montagnes, cette cité inscrite depuis 1984 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco est réputée pour ses ruines romaines plantées dans un cadre à la fois désertique et montagneux.
Elle est en effet située dans la plaine de la Bekaa et au pied de la chaîne montagneuse de l’Anti-Liban. Plusieurs origines pourraient avoir donné son nom à « Baalbek », mais la signification de la racine est claire : « Ba’al » signifie « Seigneur » … le cadre est posé.
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Le soleil tape sur le site archéologique de Baalbek, il est autour de midi. Autour de moi se dressent colonnes, murs, arches, et je devine à travers ces pierres le passé glorieux des édifices. Temples et places sacrées reprennent vie avec le passage de touristes qui, comme moi, imaginent l’époque phénicienne où Baalbek s’appelait « Héliopolis », la ville du soleil.
Le culte de divinités était alors primordial dans la vie des habitants et des commerçants de passage. Craint pour son pouvoir sur la météorologie et sur la terre, le dieu Ba’al-Hadad était particulièrement vénéré. Le peuple croyait alors que c’était de lui que dépendaient la pluie et la sécheresse dans la région.
Pendant la période hellénistique qu’a connu Baalbek du IVème au Ier siècle avant J.-C., la construction d’un podium pour supporter un temple grec fut décidée. Trois blocs étaient déjà posés à la base du mur. Leur existence à cet endroit est encore un mystère pour les scientifiques, ce qui alimente la légende selon laquelle ils auraient été apportés par des djinns ou par des extraterrestres !
Baalbek est ensuite tombée sous influence romaine, et garde aujourd’hui les vestiges de cette époque grandiose. Trois temples ont ainsi été construits sur une période de plus de deux siècles : ceux de Jupiter, Bacchus et Vénus.
A partir du IVème siècle, l’influence chrétienne sur le territoire de Baalbek combinée à d’importants tremblements de terre a conduit à un délaissement progressif des temples païens. C’est à cette époque que l’empereur romain Théodose fit construire une basilique et une église, respectivement aux emplacements de la grande cour et de la cour hexagonale.
Théodose transforma aussi le temple de Vénus en chapelle. Par la suite, les conquérants arabes ont donné au site le nom de « Qal’at Baalbek » ou « citadelle de Baalbek ». Alternativement sous la coupe de différentes dynasties arabes, la cité a été pillée par les Mongols au XIIIème siècle. Après avoir retrouvé une relative stabilité avec le peuple mamelouk, c’est la civilisation ottomane qui a fini par abandonner la citadelle de Baalbek.
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Pourtant de nombreux voyageurs et artistes occidentaux s’arrêtèrent à Baalbek au XVIIIème siècle, et furent autant frappés par la beauté du site qu’alarmés par son état de destruction avancée. Quelques écrits et peintures ont alors été collectés pour garder une trace matérielle du site. Il a fallu attendre la fin du XIXème siècle pour que des missions archéologiques soient lancées, et que la citadelle soit revalorisée notamment par des spectacles en plein air.
À ce titre, le festival international de Baalbek existe depuis 1956. Jusqu’à aujourd’hui il n’a été interrompu que pendant la guerre civile jusqu’en 1998. Il se déroule en période estivale, accueille tous les ans des artistes prestigieux et attire un large public libanais et international (↘ plus d’infos ici).
La vieille ville de Baalbek, qui se situe hors du site archéologique de Baalbek, n’a pour être honnête pas grand intérêt. Vous pouvez en revanche aller visiter la mosquée chiite dans laquelle se trouverait la tombe de Khawla, fille de l’imam al-Husayn. Vous serez vraiment dépaysés, c’est sûr ! L’entrée des femmes et des hommes est séparée, les femmes doivent être voilées et porter des vêtements couvrants comme dans chaque mosquée.
La cour de la mosquée est remarquable, peinte de motifs orientaux. Dans le bâtiment même de la mosquée, j’ai été surprise par la richesse des décorations, très colorées et scintillantes. Au centre se trouve la tombe en question, objet de culte devant lequel ces dames se prennent volontiers en photo.
Baalbek est une ville peu touristique, dans laquelle je ne vous conseille pas de rester dormir, bien que des hôtels y existent. Privilégiez plutôt la ville de Zahlé, dans la Bekaa, si vous voulez être hébergé(e) à proximité de Baalbek !
Photo de couverture : Les ruines de Baalbek sont parmi les mieux conservées du monde romain. © Inès S.